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Vaine tentative de régler la question de la perception et de l’utilisation des médias sociaux

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Dans la vie, tout est question de mesure. Les médias sociaux n’y échappent pas. Et quand j’écris « médias sociaux », il faut bien comprendre qu’il est question des humains derrière les outils. Un marteau, sans la force d’un bras, ce n’est que du bois prêt à pourrir, que du métal prêt à rouiller.

(Justement, parlant marteau, pour répondre à la vidéo virale où on essaye de nous convaincre de lâcher Facebook, Alexandre Champagne (via Sylvain Marcoux) s’en sert :

Prenez un groupe de 1000 personnes qui ont chacun dans leur main un marteau. Ces 1000 personnes cognent des clous. Au bout d’un moment, un seul d’entre eux n’est pas capable de l’utiliser. Il se lève, attire l’attention de la bande et s’écrie “Arrêtez d’utiliser cet outil, ça ne vaut pas de la merde” Pourtant, tous ceux autour de lui en font bon usage. Que devraient faires (sic) les 999 autres ?

Exactement, lui dire de se taire et continuer ce qu’ils faisaient.

Voilà pour cette longue parenthèse.)

Allons à l’essentiel : la perception et l’utilisation qu’on fait des médias sociaux sont bien personnelles. Mais qui dit « sociaux », dit rencontre (ou, plus réalistement, affrontement) des manières d’en voir l’utilisation. J’ai deux exemples concernant Twitter et Facebook.

Twitter

C’est bien connu, une des utilisations que je fais de Twitter est de publiciser mes billets de blogue. Depuis que j’ai eu le conseil de le faire plusieurs fois pour chaque billet pour rejoindre un peu plus de monde (j’écris pour être lu — et la plupart des gens ne sont pas 24 heures sur 24 devant Twitter et ne lisent pas la totalité des messages que leurs abonnés publient…), je programme deux tweets à paraître plus tard avec l’outil de programmation inclus avec TweetDeck. Techniquement, étant donné que je ne peux pas simplement republier exactement le même message, j’ajoute « Reprise » au premier et « aRT » au deuxième (aRT étant autoReTweet). Je pourrais simplement aussi ajouter deux espaces à deux endroits différents, mais j’aime bien l’idée de transparence qui vient avec ces ajouts.

Le problème, c’est que quelqu’un m’a fait savoir dernièrement qu’il n’était pas d’accord avec ce que je fais à un point que je trouve plutôt exagéré. La personne en question en a même parlé dans un billet expliquant sa vision de Twitter (qui est très différente de la mienne, à certains égards, vous le devinerez) :

Le pire, ce sont toutefois les blogueurs qui ne font que ploguer leurs articles. Oui, oui, plogue-les tes articles, mais de grâce, ne fait pas que majoritairement cela et, surtout, ne le fait pas plus d’une fois pour le même article. Il y en a que c’est à la limite du spam.

Je ne fais pas que « ploguer » mes articles, mais je ne crois pas qu’à ses yeux ce que je fais est moins « à la limite du spam » pour cette raison… Et pour utiliser la même expression qu’il utilise dans son billet pour qualifier le parti-pris qu’ont des gens comme moi et Patrick Dion pour le « principe de réciprocité », « Je trouve ça con. » Plus que « con » même, ça frôle l’intransigeance. Sérieux, ça reste seulement trois « plogues » pour un billet, chacun diffusé à environ 5-6 heures d’intervalles…

Ce que je retiens de ça, c’est que certaines personnes ont développé pas loin d’un sens du sacré pour ce qui est diffusé dans leur espace. Pour eux, et pour cette raison, l’accusation de faire du bruit ou de polluer n’est jamais bien loin alors que c’est la plupart du temps très loin d’être justifié, en tout cas à mon sens. Mais, comme ma mère me disait, il faut de tout pour faire un monde!

Facebook

ll est arrivé un événement assez fâcheux à mon amie Noisette Sociale en lien avec Facebook. Parce qu’il n’y avait plus d’échange entre elles, elle a arrêté d’être « amie » avec deux personnes de ses contacts, deux anciens membres de la blogosphère, et cela ne s’est pas très bien passé :

Insultes virulentes à mon endroit, harcèlement, incompréhension grandissante et menaces au point où ça m’a rendue physiquement malade.

Je suis de tout coeur avec elle et trouve que des réactions de la sorte sont inacceptables, mais en même temps je ne vois pas toute cette question de la même manière. Je lui en ai parlé de vive voix, mais je pense que cela serait intéressant de le formuler ici par écrit et de le partager avec vous. Cela me semble représentatif des différentes manières de voir les médias sociaux, surtout du côté de la dynamique des liens qui sont créés.

Oui, les liens. Leur rigidité versus leur élasticité.

Je dirais que la plupart des liens que nous entretenons en dehors de la virtualité, dans la « vraie vie » (l’autre n’étant quand même pas moins vraie, quoi qu’on en dise…), sont la plupart du temps élastiques. Les cassures sont plutôt rares, comme dans les cas de ruptures amoureuses. Un ami très proche peu sortir de notre vie pour un long moment et y revenir sans que cela soit problématique. Le lien ne s’est jamais brisé, il s’est étiré, simplement, pour se resserrer au gré du hasard.

Tandis que du côté des liens qui se créent sur le web, les médias sociaux, je dirais qu’ils sont rigides (dans le sens antonymique au terme « élastique »). Pourquoi? Pour la simple et bonne raison que ces liens sont officialisés, inscrits, informatisés, autant matériellement que « sentimentalement », bien sûr à la mesure de ce que peu susciter une relation sans la proximité corporelle. Mais quand même, il ne faut surtout pas sous-estimer ces liens parce que, comme on le voit, ils sont cassants (pensez à l’expression « je casse avec toi »), voire hypothétiquement explosifs!

Une relation qui n’a pas été officialisée sous une forme ou une autre via les médias sociaux peut très bien se terminer unilatéralement « sans douleur » : l’élastique se dissout tout simplement et la personne à l’autre bout ne s’en rend pas trop compte, à moins qu’elle pose la question directement, ce qui est moins simple qu’il n’y paraît, on le sait. Par contre, un geste comme retirer quelqu’un de sa blogoliste, arrêter de suivre quelqu’un sur Twitter ou supprimer un contact sur Facebook est sans équivoque, c’est un bris relationnel, même si pour certains cette relation se limite au partage d’information.

Étant donné que la valeur des liens sur le web n’est pas la même pour tout le monde, je crois qu’il ne faut pas prendre à la légère cette problématique. Il n’est pas non plus question de se laisser prendre en otage de la toile qu’on a tissée entre soi et les autres, mais bien plutôt d’en être pleinement conscient et de prendre les décisions en conséquence alors qu’on gère son réseau.

Personnellement, pour revenir aux raisons qui ont poussé mon amie Noisette à briser ces deux liens, je me dis que des liens inactifs ne me coûtent rien. Encore plus, je me dis même que de les conserver laisse au moins la possibilité d’une « réactivité » future. Un peu comme la possibilité de rencontrer par hasard une connaissance, un ancien ami proche, une ancienne flamme au détour d’une rue. C’est certain qu’ils ont accès à une part de mon intimité (ce que je veux bien laisser voir), mais c’était implicite en acceptant de les inclure dans mon monde virtuel. Voilà ma vision. Ni meilleure, ni pire qu’une autre. Par contre, j’ose espérer que grâce à elle je me suis évité des ennuis…

Les médias sociaux sont comme des mondes en perpétuelle construction. Alors, c’est plutôt normal que l’envers, la destruction, laisse des traces.

(Photo : soerenheuer)


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